Il y a quelques mois j’ai fait la connaissance de Monsieur Heckmann.
Installé rue Bonaparte, près de l’église Saint-Sulpice à Paris, Pierre Heckmann est ivoirier.
Un métier aujourd’hui pratiquement disparu.
De la rue on peut voir une petite boutique où diverses pièces d’échecs, crucifix et statuettes chinoises sculptées sont présentées, et tout à côté un atelier où s’entassent un nombre incalculable d’outils. Au milieu, penché consciencieusement sur son établi, Pierre Heckmann ne se laisse pas déconcentrer par les passants interloqués par ce vieux monsieur si sérieux dont les mains d’artiste réparent les doigts d’un Christ du XVIIIe siècle.
Issu d’une dynastie de sculpteurs sur ivoire, Heckmann occupe toujours la boutique ouverte en 1913 par
son propre père, lui-même fils d’ivoirier installé à Dieppe.
Et comme le talent est apparemment héréditaire dans cette famille, Jean-Pierre Heckmann, le fils de
Pierre, est lui aussi sculpteur sur ivoire mais a aujourd’hui pris sa retraite, laissant notre senior faire
perdurer cet art.
Ce Christ auquel j’ai fait allusion est entré dans mon stock il y a plus d’un an. Très finement sculpté
comme vous pouvez le voir sur les photos, il nécessitait néanmoins deux restaurations : il manquait deux
doigts à la main droite, et une ancienne restauration assez grossière aux pieds devait être nettoyée et
affinée.
C’est ainsi que j’ai pu pénétrer au 57 de la rue Bonaparte.
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